La représentation des femmes dans l’art au Moyen-Âge

Saviez-vous que les canons de beauté actuels ne sont pas si éloignés de la représentation idéal des femmes dans l’art au Moyen-Âge ? Chaque époque a ses stéréotypes de genre et au gré des révolutions socio-culturelles qui ont marqué l’Histoire, la représentation de la femme a subi de profonds changements. L’histoire de la représentation de la femme dans l’art est une exploration fascinante qui nous raconte la condition féminine à travers les âges, de la soumission à l’émancipation.

C’est ce voyage dans le temps que nous vous proposons de redécouvrir, et aujourd’hui nous allons nous intéresser plus particulièrement à la représentation des femmes dans l’art au Moyen-Âge. Longue époque de plusieurs siècle où domine une représentation de la femme soumise, opprimée et pécheresse. Mais pas que !

Résumé

La femme dans l'art religieux médiéval : les origines du mal (IVe - XVe siècle)

femmes art moyen-âge representation

L’histoire biblique du péché originel, qui remonte aux premiers chapitres de la Genèse, a jeté les bases de la perception de la femme dans l’art médiéval en tant que source de tentation et de péché. Selon ce récit, Adam et Ève sont dans  le jardin d’Éden. Ève est présentée comme la première femme, créée par Dieu à partir de la côte d’Adam. Elle est la première à céder à la tentation du serpent en mangeant le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cette désobéissance est interprétée comme le péché originel qui a entraîné l’expulsion d’Adam et Ève du paradis.

La représentation artistique de la tentation d’Ève sera un thème récurrent pour représenter les femmes dans l’art au Moyen-ÂgeParmi les oeuvres emblématiques il y a La Chute d’Adam et Ève de Masaccio,  située dans la chapelle Brancacci à Florence. Cette peinture du XVe siècle représente la scène de la chute d’Adam et Ève, et montre surtout une Ève tendant la main vers le fruit interdit, en figure de la tentation, et sous le regard accusateur d’Adam.

La construction d'une femme "diabolique" dans la peinture chrétienne

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Le Jugement Dernier de Bosch (vers 1450-1516), reste une oeuvre emblématique de l’époque médiévale qui contient des éléments de tentation et de péché, y compris la représentation de femmes démoniaques qui tentent les âmes damnées. Bosch était célèbre pour ses œuvres allégoriques riches en symboles. Et ses peintures sont aujourd’hui un témoignage de comment étaient perçues les femmes dans l’art au Moyen-Âge.

Plusieurs théologiens chrétiens ont contribué à l’association entre la femme et la tentation. Tertullien, l’un des premiers grands auteurs chrétiens de langue latine, a évoqué avec insistance la figure d’Ève dans ses écrits. Il a invoqué la Genèse pour représenter aux femmes que c’est sur leur sexe que s’est portée la sentence de Dieu. Tertullien est l’un des pionniers à avoir établi ce lien entre la femme, la tentation et le diable. La femme comme seule responsable du péché originel.

Augustin d’Hippone, également connu sous le nom de saint Augustin, a apporté une nuance subtile à cette perception. Il a interprété la tentation par le diable comme se faisant à travers une partie psychique qui révèle, au sein de l’homme, une image ou un simulacre de la femme. Pour Augustin, bien qu’il ne croyait pas en une infériorité intrinsèque de la femme par rapport à l’homme, la femme était perçue comme le talon d’Achille de l’homme, par lequel le diable pouvait exercer ses tentations.

Source : information tirée du livre Histoire de la mysoginie, d’Adeline Gargam et Bertrand Lançon, aux éditions Arkhée. 

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La femme tentant des saints : une iconographie courante dans l'art du Moyen-Âge

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Une oeuvre emblématique est la peinture La Tentation de Saint Antoine de Patinir et Massys, influencée par le travail de Bosch sur le même thème. La scène montre Saint Antoine tenté par trois jeunes femmes richement habillées, essayant de le détourner du chemin de la vertu en l’incitant à la luxure. On retrouve une pomme rappelant le péché originel, une femme aux apparences diaboliques caressant le cou de Saint Antoine, et un singe (symbole du diable) tirant sur lui. 
 

Au XVe siècle, il existe encore une représentation de la femmes dans l’art du Moyen-Âge qui asscoie le deuxième sexe à la tentation. Au XVe et XVIe siècle, il existe une iconographie courante qui dépeint des femmes tentant des saints. On distingue différents modèles et attributs associés à ces femmes séductrices, figures de la tentation. Les plus fréquents sont :

  • la femme riche qui cherche à suscite des désirs de richesses matérielles chez les hommes saints. La femme est représentée avec de riches vêtements, des tissus bleus et des bijoux.
  • la femme féconde qui remplit une fonction biologique, dans ce modèle l’bojectif de la femme est de provoque le désir et la luxure. La femme est représentée nue, belle, vierge et jeune.
  • la femme ordianaire, sans exhubérance ni ostentation, la femme qui appartient au commun des mortels, insinuant que les attributs du diable sont parfois invisibles à l’oeil nu.
  • la femme diablesse, qui induit la présence du diable déguiser en femme. On retoruve des femmes aux pieds griffus, des sabots et parfois des cornes. 

Source: Nechita, Andrea, La Représentation visuelle de femmes tentant des saints (Fifteenth and Sixteenth Century).” Annual of Medieval Studies at CEU, 20 (2014): 96-112. 

Des peintures peu connues qui montrent une représentation plus nuancée de la femme au Moyen-Âge

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Les rôles des femmes au Moyen Âge étaient variés et nuancés. Et la représentation des femmes dans l’art de Moeyen-Âge se voulait aussi multifacette. Dans le manuscrit enlumimé des Très riches heure du Duc de Berry (1412-146) on retrouve des femmes en train de travailler la terre par exemple et qui permet de comprendre davantage comment était représentées les femmes dans l’art au Moen-Âge.

Les idéaux médiévaux de la féminité mettaient en avant une gamme de rôles traditionnellement pieux et soumis. Les notions de désobéissance d’Ève et de la faute originelle étaient également utilisées pour renforcer les conceptions négatives sur les femmes. Néanmoins, la présence constante des femmes dans les manuscrits enluminés atteste de leur participation active à la plupart des aspects de la vie médiévale.

Les femmes étaient essentielles à la main-d’œuvre à l’époque médiévale, que ce soit dans les métiers spécialisés, les travaux agricoles, le travail sexuel, la brasserie, la blanchisserie, et bien plus encore. Elles étaient impliquées dans des tâches physiques en plein air, comme tondre les moutons, transporter des sacs de céréales, jardiner, construire des murs en pierre, et même élever des abeilles. De plus, elles s’occupaient des tâches domestiques, telles que la cuisine, le lavage, la couture, le filage de la laine, les soins aux malades, l’alimentation des animaux de ferme et la culture de jardins.

Source : The Once And Future Sex, Eleanor Janega, 2023.

Le rôle de la femme au Moyen-Âge : une réalité à redécouvrir

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Le portrait d’Arnolfini de Jan van Eyck est emblématique de la manière dont étaient représentées les femmes dans l’art au Moyen Âge, reflétant les idéaux de beauté, de maternité et de soumission de l’époque. Dans ce tableau, la femme est présentée avec une silhouette en forme de poire, une caractéristique de beauté de l’époque médiévale, mettant l’accent sur des hanches larges et un ventre arrondi pour signifier la fertilité. Sa posture inclinée envers son mari Arnolfini suggère la soumission et l’obéissance, ce qui correspondait aux normes de genre de l’époque. Ce portrait renforce l’idée que la représentation victorienne ultérieure de la femme, influencée par des idéaux similaires, a contribué à perpétuer des stéréotypes de genre conservateurs dans l’art et la société.

L’époque victorienne (de la reine Victoria, en Angleterre, fin XIXe siècle) a profondément influencé notre perception des femmes au Moyen Âge. Notamment en les dépeignant comme systématiquement opprimées et subordonnées à leurs maris. Cependant, les recherches récentes révèlent que les femmes médiévales avaient en réalité une certaine autonomie. Elles exerçaient une variété de métiers, possédaient des biens fonciers, et leurs dots étaient assorties d’instructions pour préserver leur indépendance, remettant en question les idées préconçues sur leur oppression.

Les Victoriens ont largement contribué à cette vision déformée des femmes médiévales en projetant leur propre idéologie de genre sur cette période. Obsédés par le Moyen-Âge, ils ont utilisé la poésie et les contes du roi Arthur pour insuffler leur politique sexuelle dans l’histoire médiévale, en dépeignant les femmes comme plus opprimées que leurs homologues du XIIe siècle. Cette réinterprétation avait pour but de justifier la société patriarcale victorienne en renforçant l’idée de la supériorité masculine et en maintenant le statu quo. Cela montre comment l’interprétation historique peut être façonnée par les préjugés de l’époque dans laquelle elle est réalisée, et l’importance de réexaminer ces perceptions à la lumière de nouvelles recherches.

Source : The Wife Of Bath, Marion Turner, 2023.

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L'idéal de beauté féminin dans l'art médiéval à travers la peinture

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Ce portrait de Rogier van der Weyden illustre les canons de beauté féminins médiévaux en mettant en avant l’élégance et la dignité de la modèle, suggérant ainsi son statut aristocratique. La tenue de la modèle est à la mode de l’époque, tandis que ses caractéristiques faciales bien définies, ses sourcils soignés et sa coiffure soignée correspondent aux standards de beauté du Moyen Âge. Les détails vestimentaires, tels que la ceinture dorée et la robe avec des bandes de fourrure, ajoutent à son charme. L’idéal de la femme dans l’art du Moyen-Âge se base sur l”élégance de l’image, équilibrée par une sobriété appréciée à cette époque, mettant l’accent sur une beauté naturelle et non ostentatoire. 

L'apparence juvénile des femmes

Pour la noblesse, l’apparence juvénile était valorisée, avec une peau pâle, des lèvres et des joues légèrement rouges. Les femmes médiévales aspiraient également à avoir un petit ventre rond, des seins en forme de pomme (c’est-à-dire petits, ronds et espacés) et un front haut. Les cheveux blonds et bouclés étaient également prisés, tout comme une peau claire et lisse, sans rides ni taches de rousseur. Les femmes médiévales idéalisées arboraient une silhouette en forme de poire, caractérisée par des hanches plus larges et une taille moins marquée. 

Dos cambrée des femmes la peinture médiévale

Les femmes dans l’art au Moyen-Âge étaient souvent représentées avec le dos cambré en arrière et le ventre en avant dans l’art médiéval et de la Renaissance. D’ailleurs, découvrez sans plus attendre comment étaient représenter les femmes à la Renaissance. Cette posture suggérait la fécondité et la maternité, des valeurs importantes à l’époque. Elle avait des connotations religieuses liées à la Vierge Marie et était considérée esthétiquement attrayante. Les artistes utilisaient cette posture pour simplifier la représentation du corps féminin. C’était une expression artistique influencée par les valeurs et les normes de l’époque.

Source : L’Idéal de beauté féminin au XVIe siècle, Lorenza Gay, 2016.

La coiffure des femmes au Moyen-Âge

Au Moyen-Âge, la coiffure était un élément essentiel de l’identité sociale et religieuse. Pendant le Haut Moyen-Âge, la noblesse arborait des cheveux longs, tandis que les femmes mariées portaient des voiles conformément aux coutumes de l’Église. Au Bas Moyen-Âge, de nombreuses coiffures extravagantes firent leur apparition, incluant des voiles, des guimpes, des gorgets, des crépines, des barbettes et des hennins aux proportions parfois extravagantes. Les femmes de la cour avaient des chambrières pour les aider à créer ces coiffures élaborées. Les femmes de condition modeste utilisaient des coiffures simples pour se protéger des éléments extérieurs.

Les soins et la beauté des cheveux étaient également pris au sérieux, avec des recettes pour teindre, éclaircir et favoriser la croissance des cheveux, malgré la désapprobation de l’Église. La beauté médiévale était caractérisée par une longue chevelure blonde, des fronts élevés et une attention particulière à l’épilation. Les femmes vénitiennes étaient connues pour maîtriser l’art de blondir leurs cheveux, utilisant des techniques spéciales pour obtenir le célèbre “blond vénitien”.

Source : Une Histoire de la Beauté, Dominique Paquet, 1997

Les artistes femmes au Moyen-Âge

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Au Moyen Âge, malgré les défis imposés par les normes de genre de l’époque, quelques femmes artistes ont laissé une empreinte significative dans le domaine de l’art. Marguerite van Eyck, une sœur d’Hubert et de Jean van Eyck, est l’un de ces exemples. Elle était célèbre pour sa compétence en peinture et son célibat tout au long de sa vie. Bien que peu de ses œuvres aient survécu, elle est restée dans les annales de l’histoire artistique.

Une autre artiste notable est Agnès van den Bossche, qui a vécu vers 1480. Elle est documentée pour avoir peint deux étendards à l’effigie de la “Pucelle de Gand,” un symbole de la ville de Gand. Ses commandes ont été passées par les échevins de la ville, et l’un de ces étendards est conservé au musée de la Biloke de Gand. Agnès van den Bossche a joué un rôle important dans la décoration de la ville avec ses œuvres, bien que le reste de sa production artistique soit en grande partie perdu.

La situation d’Agnès van den Bossche illustre la condition des femmes artistes de l’époque. Elle a suivi les traces de son père, Tristan van den Bossche, également peintre, et a principalement travaillé sur des projets décoratifs, notamment des étendards. Bien que certaines de ses œuvres aient été de moindre qualité, elles témoignent du fait que les femmes de cette époque ne se limitaient pas à l’enluminure et pouvaient participer à des projets artistiques d’envergure. Cela souligne la présence active des femmes dans les milieux artistiques du Moyen Âge, même si l’histoire de leurs contributions reste souvent méconnue en raison du manque de documentation.

Source : Les Femmes dans les ateliers d’artistes, Sophie Cassagnes-Brouquet

Exemples de célèbres tableaux de femmes au Moyen-Âge

  • Le portrait d’Arnolfini de Jan Van Eyck
  • La Tentation de Saint Antoine de Patinir et Massys
  • Le Jugement Dernier de Bosch
  • La Chute D’Adam et Ève de Masaccio
  • La Joconde de Leonardo Da Vinci

Découvrez NL, artiste pop art qui revisite les stéréotypes de genre

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Face à cette réalité complexe, l’art contemporain se présente comme un lieu d’exploration et de remise en question. L’artiste féministe française NL se distingue par sa réinterprétation audacieuse de la représentation de la femme en tant qu’objet de tentation à l’époque actuelle. Ses peintures de femme pop art captivent le spectateur par leurs couleurs vives et leurs compositions audacieuses.

NL revisite les stéréotypes de la femme en les déconstruisant et en les reconfigurant. Elle crée des images provocantes qui défient les attentes, tout en soulignant la complexité de la femme moderne. Dans son travail, la femme n’est pas seulement un objet de désir, mais une personne avec ses propres désirs, forces et vulnérabilités.

Ses œuvres incarnent une nouvelle perspective sur la femme contemporaine, celle d’une figure qui résiste à la réduction en tant qu’objet de tentation. Elle réaffirme le droit à l’individualité et à l’autodétermination des femmes, mettant en lumière les multiples facettes de leur expérience.

FAQs

Au Moyen Âge, les canons de beauté féminins mettaient l’accent sur des cheveux blonds, une peau pâle et sans défaut, un corps légèrement potelé, des mains et des pieds délicats, ainsi qu’un front haut et dégagé. Les femmes aux cheveux blonds étaient particulièrement admirées, et la pâleur de la peau était associée à la haute société, car elle indiquait qu’une femme n’était pas exposée au travail extérieur

Les bijoux et les vêtements de qualité étaient essentiels pour attirer l’attention et refléter le statut social, parfois plus que la beauté physique elle-même.

Les femmes utilisaient divers produits de beauté pour maintenir leur apparence, notamment le fard pour blanchir leur peau. De plus, elles ornaient leurs cheveux avec des bijoux, peignaient leurs ongles, utilisaient des parfums et des huiles essentielles. Elles se coiffaient élégamment, favorisant les coiffures qui mettaient en valeur leur front et leur visage.

Les idéaux de beauté masculins du Moyen Âge mettaient l’accent sur des traits associés à la force physique, à la prestance et à la virilité. Les hommes étaient encouragés à afficher une barbe épaisse, une musculature développée, et à se tenir avec assurance. Les chevaliers, en particulier, étaient admirés pour leur courage et leur prestance.

Les idéaux de beauté féminine au Moyen Âge étaient profondément influencés par la religion et la culture de l’époque. La pâleur de la peau était associée à la pureté et à l’absence de travail extérieur, reflétant des valeurs religieuses de l’époque. De plus, les idéaux de beauté féminine étaient étroitement liés aux attentes de la société médiévale, où le statut social et l’appartenance à la noblesse étaient hautement valorisés.

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